Un constat me frappe à chaque fois que j’y reviens : bien des gens de notre région ignorent que nos municipalités font partie de la MRC de La Jacques-Cartier. Se définir simplement comme la « ceinture de Québec » a pourtant des conséquences. Cela dilue notre identité historique et mine notre capacité à nous projeter avec nos propres perspectives. L’idée n’est pas de renier les nombreux avantages que représente la proximité de la ville, mais plutôt de se donner la chance de définir nous-même notre modèle. Un modèle en plein air, plus champêtre, plus forestier, moins glamour peut-être, mais un modèle qui pourrait être au cœur de l’actualité avec les changements climatiques et la conscience grandissante, pour les municipalités, de la nécessité de réduire leur bilan de carbone et de travailler à la souveraineté alimentaire sur leur territoire.
Récemment, pour la réalisation d’un reportage vidéo (voir le lien plus bas), j’ai fait la rencontre de Lucas McCartney, un jeune éleveur de dindons motivé et inspirant qui m’a fait rêver à de nouvelles perspectives économiques. La ferme de Lucas est à Saint- Gabriel-de-Valcartier, un monde plutôt rural en transition de fond depuis un peu plus d’une quinzaine d’années, entre autres à cause des changements imposés aux élevages – autrefois faits en pâturages – qui sont maintenant opérés en bâtiments à cause des craintes causées par la grippe aviaire au début des années 2000. Depuis, des centaines d’hectares de champs sont maintenant laissés sans usages, ou servent à produire un peu de foin. Les préoccupations de Lucas quant à la sous-utilisation de ces espaces m’ont laissé songeur. Et si des entrepreneurs, qui habitent Lac-Beauport, Lac- Delage ou Stoneham-et-Tewkesbury tournaient leurs regards vers les autres municipalités de la MRC, de quelle manière cela pourrait-il influencer le développement de notre région?
Lucas a eu la générosité de me faire visiter ses installations et j’ai eu un sentiment de fierté de savoir qu’une viande produite sans antibiotique dans ma région se faisait dans des installations aussi bien tenues. Ça m’a fait rêver au fait que de petits entrepreneurs ou des couples dont l’un des membres voudrait être plus près de la maison, plus près de la nature, puissent louer des terres inutilisées et démarrer de petites et lucratives productions comme l’ail (l’ail noir est à 120$/kg au détail) ou la culture des petits fruits (la microbrasserie La Souche est acheteuse de 5 tonnes par an). On pourrait également penser à des projets comme de l’élevage de bœufs à viande qui se prête bien aux types de pâturages qui sont disponibles à Saint-Gabriel et qui pourrait permettre la création de produits d’appels dans nos restaurants et autres commerces alimentaires.
Pendant nos vacances, on a visité à nouveau les régions de notre beau Québec, touchés de voir les identités régionales des gens qui sont fiers de leurs paysages et de leurs produits locaux. Notre territoire est proche de la ville, mais son ADN partage beaucoup de gènes avec celui des régions et, au lieu de maquiller notre territoire en banlieue, on pourrait réfléchir en en faire quelque chose de plus original, plus nourricier, et possiblement plus profitable, que ce soit pour le développement d’une offre d’emplois locaux ou la consolidation de notre offre touristique.
Quelques liens utiles et inspirants
Visionner l’entrevue complète avec Lucas McCartney